Sandra Véringa
Le mensonge fait partie de la vie quotidienne, mais comment identifier les menteurs autour de vous ? Un professeur de psychologie donne ses meilleurs conseils. Que ce soit un petit mensonge innocent ou un secret profond et sombre qui se trame depuis des années, le mensonge fait partie intégrante de la société.
Cependant, lorsqu’il ne s’agit pas d’une tromperie évidente remplie de failles dans l’intrigue et de rebondissements étranges, comment peut-on détecter un menteur ? La réponse réside dans la psychologie.
Richard Wiseman, professeur de psychologie de la compréhension du grand public à l’Université du Hertfordshire a partagé des conseils pour repérer les menteurs, les signes non verbaux à surveiller et explique quand il est approprié de mentir.
Y a-t-il certains indices qui peuvent nous aider à identifier quand quelqu’un nous ment ?
Les indices visuels sont hautement contrôlables. Nous avons le contrôle sur nos gestes, nos sourires et notre regard. En revanche, nous accordons moins d’attention aux mots que nous utilisons et à la façon dont nous les prononçons, et c’est là que se trouvent les véritables indices.
Lorsque vous vous concentrez sur les signaux auditifs, vous pouvez mieux détecter les mensonges.
Un exemple courant est la croyance selon laquelle lorsqu’une personne ment, elle regarde vers la droite. Nous avons examiné ce mythe répandu et nous avons constaté qu’il n’y a aucune vérité derrière cette affirmation.
Cette croyance est en partie due à notre tendance à réduire le nombre de visages qui nous viennent à l’esprit, car la reconnaissance faciale nécessite beaucoup de puissance de traitement. Lorsque nous essayons de nous souvenir de quelque chose, nous détournons souvent le regard, mais cela n’indique en aucun cas que nous sommes en train de mentir.
Il n »existe aucune preuve que les mouvements des yeux vous disent quoi que ce soit sur le mensonge. Pourtant, les gens ont cette idée en tête.
Les gens sont-ils capables de cacher leur langage corporel lorsqu’ils mentent ?
Certaines personnes sont capables de dissimuler leur langage corporel lorsqu’elles mentent, mais la plupart des gens en sont incapables. Lorsqu’il s’agit de détecter les mensonges, on recherche principalement des changements par rapport au comportement habituel de la personne.
Par exemple, si quelqu’un se gratte le nez, cela peut être interprété comme un signe de mensonge, ou cela peut tout simplement être un comportement normal pour cette personne. Il n’est pas judicieux de se baser uniquement sur une action et de conclure qu’elle ment simplement parce qu’elle a détourné le regard, car cela pourrait être une habitude naturelle pour elle.
Pour détecter les mensonges, nous établissons d’abord une ligne de base en observant le comportement normal de la personne, puis nous recherchons des signaux qui s’écartent de cette ligne de base. Ces signaux ont souvent tendance à être verbaux.
Nous sommes attentifs aux hésitations, à une plus grande pause entre la fin de la question et le début de la réponse, ce qui peut indiquer que la personne réfléchit à son mensonge. Nous recherchons également une suppression de détails et une utilisation réduite des pronoms personnels tels que « moi », « mon » et « je ». Cela s’explique par le fait que mentir est cognitivement difficile.
Lorsqu’on ment, il faut penser à ce que l’autre personne sait déjà, à ce qui colle avec l’histoire que l’on raconte, à ce qui a déjà été dit, ce qui impose une charge cognitive importante.
Est-il possible de devenir un bon menteur ?
D’un point de vue psychologique, il existe une théorie de l’excitation qui soutient cette idée. Selon cette théorie, lorsque nous mentons, nous ressentons souvent de la culpabilité, ce qui peut entraîner des manifestations physiologiques telles que la transpiration ou les mouvements nerveux.
Cependant, si nous répétons le même mensonge à plusieurs reprises, ou si nous n’éprouvons pas de remords après avoir menti, ou encore si nous mentons pour une cause plus grande, il est possible que nous ne ressentions pas la même culpabilité et que ces signes physiques soient moins perceptibles.
Il est important de noter que la majorité des mensonges tombent dans cette catégorie. La plupart du temps, les mensonges sont des moyens de maintenir des relations sociales. Par exemple, lorsque nous rencontrons quelqu’un dans la rue et lui disons que c’est génial de le voir, cela peut être vrai, mais cela peut aussi être un mensonge pour ménager ses sentiments.
Les mensonges peuvent nous lier tout autant qu’ils nous éloignent. Si nous ne ressentons pas de stress lorsque nous mentons, nous ne montrerons pas nécessairement les signaux physiques habituels associés au mensonge.
D’un point de vue cognitif, mentir est une tâche mentalement exigeante. Cependant, si nous avons répété la même histoire de mensonge à maintes reprises et si nous l’avons bien préparée, il est possible que nous ne montrions pas les signaux cognitifs typiques. En réalité, nous pourrions même finir par croire à notre propre mensonge, simplement parce que nous l’avons répété de nombreuses fois.
Faut-il mentir à ses enfants ?
Ce que nous souhaitons, c’est que les enfants puissent mentir occasionnellement. Par exemple, lors de leur anniversaire, s’ils reçoivent un cadeau qu’ils n’aiment pas vraiment, nous préférerions qu’ils mentent.
Cependant, il est essentiel de leur apprendre à dire la vérité dans d’autres situations. Nous devons expliquer aux enfants que la vérité dépend de la situation.
Est-ce que vous mentez pour faire plaisir à quelqu’un ?
Dans ce cas, raconter un mensonge peut être acceptable. Mais si vous mentez pour votre propre intérêt et que la personne découvre la vérité, cela pourrait provoquer de la colère.
Le mensonge existe depuis longtemps et nous avons réussi à survivre jusqu’à présent. Je pense simplement qu’il est essentiel d’être honnête sur la nature du mensonge et de ses nuances.
