
La gentillesse quotidienne, moteur de la coopération
De nouvelles recherches montrent que des gestes simples de gentillesse – comme un ton chaleureux, un sourire ou une écoute attentive – peuvent grandement améliorer le travail d’équipe ou les relations et renforcer la volonté de coopérer. Ces petits actes créent un sentiment de lien social, constituant le pont entre gentillesse et collaboration.
Une gentillesse bénéfique pour le travail en groupe
Deux études révèlent que les personnes les plus aimables déclarent une plus grande satisfaction lors du travail en équipe, ainsi que des attitudes prosociales plus marquées.
Contrairement aux idées reçues, la gentillesse n’est pas un signe de faiblesse : elle améliore à la fois le moral des individus et la performance collective.
Ce que révèlent les faits
- La gentillesse agit comme une « colle sociale » en renforçant les liens entre individus, ce qui accroît la cohésion et la coopération au sein des équipes.
- Les données expérimentales confirment que la gentillesse augmente la satisfaction et favorise un état d’esprit coopératif.
- Même de petits gestes – un sourire, un ton de voix chaleureux – influencent positivement la dynamique de groupe.
Un besoin fondamental dans nos interactions
La coopération est essentielle au bon fonctionnement des relations proches, des équipes de travail et des communautés locales. Selon l’étude menée avec des chercheurs de l’Université SWPS, la gentillesse joue un rôle clé dans ce processus en renforçant les liens sociaux et en augmentant le sentiment de satisfaction lié au travail collectif.
Nous passons une grande partie de notre vie en interaction avec autrui – en réunion, en classe, dans la rue. Chaque interaction, aussi brève soit-elle, est une occasion de manifester de la gentillesse, de rester neutre ou d’adopter une attitude négative. Ces choix quotidiens ont-ils un réel impact ? Les chercheurs répondent par l’affirmative.
Les effets concrets de la gentillesse
Des études antérieures ont déjà montré que les gestes de gentillesse, même anodins, apportent de nombreux bienfaits, tant pour ceux qui les reçoivent que pour ceux qui les accomplissent. Ces actes favorisent un bien-être accru, une meilleure satisfaction relationnelle et un plus grand sentiment de sens dans la vie.
Selon Olga Białobrzeska, psychologue et co-auteure de l’étude : « Ceux qui agissent de manière amicale ressentent un sentiment d’appartenance accru et sont moins susceptibles de souffrir de solitude ou de dépression. »
Une étude expérimentale sur le lien entre gentillesse et coopération
Dans cette recherche dirigée par Olga Białobrzeska, Aleksandra Cisłak-Wójcik (Université SWPS) et Ilan Roziner (Université de Tel Aviv), les auteurs ont cherché à savoir si la pratique consciente de la gentillesse pouvait renforcer le capital social et accroître la propension à coopérer.
L’étude, intitulée La gentillesse favorise la coopération grâce à la connectivité sociale, a été publiée dans la revue Social Psychology.
Première étude : mesurer la gentillesse au quotidien
463 participants âgés de 18 à 67 ans ont été invités à répondre à des affirmations sur leurs comportements quotidiens. Par exemple :
- « Lorsque je paie en magasin, j’utilise un ton chaleureux ou je remercie sincèrement la personne. »
- « Même parmi les gens que je connais, je ne me sens pas vraiment à ma place. »
- « Au travail, je prends généralement en compte les intérêts des deux parties. »
Les résultats ont montré que la gentillesse était liée à un plus fort sentiment d’appartenance sociale, lequel favorisait une plus grande volonté de coopérer.
Deuxième étude : tester les effets de la gentillesse en situation réelle
Dans cette expérience, 164 étudiants de première année ont été répartis en 52 équipes et assignés aléatoirement à deux conditions : « gentillesse » ou « contrôle ».
Dans la condition « gentillesse », les participants devaient adopter un comportement bienveillant pendant le travail en groupe :
- se soucier du bien-être des autres,
- sourire,
- utiliser un ton chaleureux,
- écouter activement les idées,
- créer une atmosphère agréable et accueillante.
Dans la condition « contrôle », les participants devaient se concentrer uniquement sur la tâche :
- afficher une expression sérieuse,
- utiliser un ton neutre ou affirmé,
- limiter sourires et interactions plaisantes.
Les résultats des deux études confirment que la gentillesse, même exprimée par de petits gestes, a un effet tangible sur la coopération et la satisfaction en groupe. Elle constitue un levier puissant pour renforcer les liens sociaux et améliorer le fonctionnement collectif dans divers contextes.
Avantages directs et à long terme de la gentillesse
Les chercheurs ont constaté que faire preuve de gentillesse envers les membres d’une équipe entraînait une plus grande satisfaction à l’égard du travail collectif, ainsi qu’une attitude plus positive envers la coopération. En comparaison, les participants qui se concentraient uniquement sur la tâche ne bénéficiaient pas des mêmes effets. Ce ressenti positif était étroitement lié à un sentiment de lien social.
Les résultats des deux études indiquent que la gentillesse n’apporte pas seulement des bénéfices immédiats, mais qu’elle agit aussi à plus long terme. En renforçant les liens sociaux, elle favorise durablement la coopération au sein des groupes.
De petits gestes, un impact significatif
Selon les auteurs, des actions simples comme sourire, adopter un ton de voix chaleureux ou faire preuve d’écoute active peuvent avoir des effets bien plus importants qu’on ne l’imagine. Ces gestes, bien que discrets, participent à la création d’un climat de confiance et de collaboration, propice à l’efficacité collective.
Cette recherche offre ainsi des pistes concrètes pour améliorer les relations dans les écoles, les entreprises, les associations ou encore les institutions politiques et sociales.
Une vertu parfois mal interprétée
Si la gentillesse est souvent considérée comme une qualité morale, elle est aussi parfois perçue à tort comme une faiblesse. Certaines personnes peuvent l’associer à un manque d’assurance ou à une difficulté à s’affirmer. Dans les environnements professionnels, elle est parfois jugée incompatible avec l’exigence d’efficacité.
Les chercheurs contestent cette idée reçue. D’après eux, gentillesse et performance ne sont pas opposées. Au contraire, un comportement bienveillant peut renforcer la motivation collective et l’engagement vers un objectif commun.
Auteur : Marta Danowska-Kisiel
Source : SWPS University
Contact : Marta Danowska-Kisiel – SWPS University
Image : L’image est créditée à Neuroscience News
Recherche originale : Accès restreint.
« La gentillesse favorise la coopération grâce à la connectivité sociale », par Olga Białobrzeska et al. Psychologie sociale
Un levier pour renforcer le capital social
La recherche, intitulée La gentillesse favorise la coopération grâce à la connectivité sociale, menée par Olga Białobrzeska, Aleksandra Cisłak-Wójcik (Université SWPS) et Ilan Roziner (Université de Tel Aviv), montre que la coopération repose en grande partie sur la qualité des interactions sociales quotidiennes.
Dans la première étude, menée auprès de 463 participants en ligne, la propension à la gentillesse s’est révélée positivement corrélée à la coopération. Ce lien s’expliquait notamment par le niveau de connectivité sociale ressenti par les participants.
Dans une deuxième étude, menée sur le terrain auprès de 164 étudiants répartis en équipes, les chercheurs ont confirmé qu’un comportement bienveillant envers les coéquipiers favorisait la satisfaction du travail collectif et des attitudes coopératives, grâce à un sentiment accru de lien social.
Une application concrète dans de nombreux domaines
Les résultats de cette recherche suggèrent que promouvoir la gentillesse pourrait être une stratégie efficace pour améliorer la coopération dans des contextes variés. Écoles, entreprises, administrations, collectivités locales : partout où la collaboration est essentielle, la gentillesse peut servir de catalyseur pour renforcer la cohésion, le bien-être et l’efficacité collective.