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Quand Aladdin combat les stéréotypes: « Je ne suis pas un terroriste »

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Le cyber artiste et polémiste Saint Hoax revient avec une campagne d’indignation en réponse au déferlement de haine qui s’est abattu sur l’ensemble de la communauté musulmane après les attentats de Paris. Si la solidarité et l’unité semblent avoir triomphé en France, certains groupuscules voguent sur la confusion pour alimenter leur idéologie politique.

« Je ne Suis Pas un Terroriste » brandissent l’air triste Aladdin et Jasmine. Saint Hoax, l’artiste polémiste anonyme dont les séries ne cessent de faire le buzz sur les réseaux sociaux, est de retour. Toujours sur le thème de Disney, dont l’auteur reconnait être un grand fan, S.H. a décidé de s’attaquer aux stéréotypes primaires qui gangrènent les esprits et touchent les personnes musulmanes ou à l’apparence nord-africaine. Pour ce faire, il met en scène deux héros de notre enfance, originaires du moyen-orient, et qui représentent la gentillesse absolue. Pourquoi douter d’eux ? Pourquoi amalgamer une population au comportement d’une poignée d’individus à l’esprit malade ?

« Je ne suis pas un terroriste
Comment puis-je te le faire comprendre ?
La terreur qui te terrorise
Me terrorise tout autant. » – Saint Hoax

Naturellement, Saint Hoax ne suggère pas là que les personnes originaires du moyen-orient sont toutes des personnages de Disney, gentils par nature (rappelant par la même occasion que Disney est aussi à l’origine de nombreux clichés culturels). Non. La majorité de la population n’entre dans aucun extrême. Cette majorité est composée d’individus dans la moyenne, qui aspirent aux mêmes souhaits que tous les individus à travers le monde : protéger leur famille, accéder au bonheur, vivre tout simplement. Ils ne sont ni bons, ni mauvais par nature, mais, comme dans toutes sociétés, certains individus peuvent céder à la haine et à l’endoctrinement. Alors pourquoi arrivons nous si facilement à généraliser les extrémistes à une origine entière, voire même plusieurs origines ?

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À travers cette caricature, Saint Hoax nous rappelle tout simplement que notre vision du monde est avant tout une construction psychologique. De manière primitive, notre cerveau catégorise nos perceptions afin de faciliter notre compréhension du monde. Ainsi, il faut du discernement, de l’éducation et une étude rigoureuse des faits pour décoloniser notre imaginaire et percevoir le réel. Face à un acte ignoble, comme les attentats qui ont touché Paris, l’émotion submerge l’individu et la tentative de céder aux stéréotypes est grande. De leur côté, les mouvements identitaires ont alimenté les amalgames de manière soutenue, allant jusqu’à provoquer des actes de haine et de violence contre des étrangers et/ou musulmans innocents, jouant le jeu des djihadistes qui souhaitent exactement ce genre de réactions. Les xénophobes et identitaires deviennent ainsi les idiots utiles des djihadistes.

Si comprendre l’origine exact du terrorisme est loin d’être une mince affaire, débuter en se libérant des préjugés est une étape primordiale pour pouvoir adopter une action juste et efficace contre le terrorisme. Et pour ce faire, il convient de s’immuniser contre la banalisation des discours réducteurs et stigmatisant. En associant chaque jour des mots comme « arabe » et « musulman » à « terrorisme » les médias distillent l’idée que l’un ne va pas sans l’autre, estime Saint Hoax. Pourtant, de nombreux attentats perpétrés par Daech au Moyen-Orient (de loin la majorité) s’attaquent de plein fouet à des familles musulmanes. Ainsi, l’utilisation des mots joue une importance centrale dans la construction des préjugés. En pratique, comprendre le djihadisme salafiste requiert de percevoir toutes les spécificités et les nuances qui divisent le monde arabe. Chose particulièrement complexe depuis l’occident. (Lire cet article du Monde Diplomatique pour en savoir plus).

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Originaire du moyen-orient, Saint Hoax a exprimé son point de vue en prenant l’exemple du chameau. Dans l’imaginaire collectif occidental, le chameau fait référence au monde arabe. S’il est vrai que des chameaux furent utilisés comme moyen de transport dans certains pays, la plupart des individus du monde arabe n’en ont jamais vu. « Est-ce que les gens peuvent arrêter de les utiliser en référence aux arabes ? Je n’ai jamais vu un chameau dans le monde réel, et je suis Syrien ! » explique-t-il. À titre de comparaison, Daech peut s’apparenter aux Ku Klux Klan quant à leur interprétation extrême et farfelue de l’ancien testament. Pourtant, personne ne les amalgame aujourd’hui avec l’ensemble de la communauté chrétienne modérée. Ainsi, la raison s’accorde à dire que la source de la terreur se retrouve dans l’obscurantisme, l’ignorance et la haine (avec une bonne dose de manipulation). Les groupes violents instrumentalisent l’objet religieux pour recruter les esprits les plus manipulables.

Car la haine engendre la haine, on remarquera enfin que l’intolérance qui anime aujourd’hui les terroristes de Daesh est infiniment proche de celle des mouvements idéologiques les plus conservateurs en occident. Que ce soit par la violence physique ou morale, ceux-ci s’attaquent de front à tout ce qui constitue une société fondée sur la liberté, l’égalité et la fraternité, tel le plaisir d’écouter un groupe de métal au discours libertaire, l’expression de l’amour entre deux êtres de même sexe ou encore la liberté de la femme de se réaliser seule en société si elle le souhaite. Saint Hoax s’était ainsi attaqué par le passé à ces problématiques, invitant notamment les femmes à se sauver elles-mêmes sans forcément attendre qu’un prince charmant ne vienne les libérer. Quant à Aladdin et Jasmine, on leur souhaite de trouver leur place dans une société qui les accable pour des crimes qu’ils n’ont pas commis.

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Source Quand Aladdin combat les stéréotypes: « Je ne suis pas un terroriste » : bustle.com / instagram/mrmondialisation.org

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Publié par Claire C.

À propos de l’auteure: J’ai toujours été passionnée par tout ce qui avait trait à la spiritualité et son influence sur nous tant sur le plan psychologique que spirituel. Depuis que j’ai intégré l’équipe d’ESM en 2013, je mets au service toutes mes connaissances pour aider au mieux les gens qui en ont besoin et qui cherchent des réponses à leurs nombreuses questions. J’espère pouvoir y contribuer un peu chaque jour.

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