
Le trait que partagent tous les couples heureux et durables
Selon la psychothérapeute Kamalyn Kaur, spécialisée dans l’anxiété et la confiance en soi, il existe un élément central qui distingue les couples solides et épanouis : la sécurité émotionnelle. Forte de plusieurs années d’expérience auprès de personnes confrontées à des ruptures, à des difficultés de communication ou à un manque de confiance, elle a identifié ce socle invisible mais indispensable à toute relation durable.
Un besoin aussi ancien que l’humanité
Le besoin de connexion et de proximité n’est pas nouveau. Il remonte aux débuts de l’humanité, il y a environ 300 000 ans. Si ce désir d’être en lien avec un autre reste universel et intemporel, les formes que prennent les relations amoureuses, elles, ont beaucoup évolué : allongement de l’espérance de vie, redéfinition des rôles genrés, transformations sociétales…
Il est donc devenu plus difficile que jamais de faire le tri entre les obstacles du quotidien et les véritables fragilités d’un couple. Comment savoir si votre relation repose sur des bases solides ? Et par où commencer pour la renforcer ?
1. La sécurité émotionnelle : fondement de toute intimité
Pour Kamalyn Kaur, la réponse tient en un mot : sécurité. Plus précisément, la sécurité émotionnelle. Selon elle, c’est la pierre angulaire de toute forme d’intimité, qu’elle soit émotionnelle, physique ou sexuelle.
Lorsque deux partenaires se sentent libres d’exprimer leurs pensées, leurs peurs, leurs doutes ou leurs désirs sans crainte d’être jugés ou rejetés, ils instaurent une véritable confiance. Cette confiance permet de partager ses insécurités, de poser des questions sincères et de demander ce dont on a réellement besoin dans la relation.
À l’inverse, lorsque la sécurité émotionnelle est absente, la communication devient limitée, prudente, parfois même tendue. Elle peut rapidement être teintée d’anxiété ou d’irritation, ce qui crée une distance affective difficile à combler.
Comment renforcer cette sécurité dans votre couple
Si vous sentez que cette forme de sécurité n’est pas encore pleinement établie entre vous et votre partenaire, sachez qu’il est tout à fait possible de la développer. Le point de départ ? La manière dont vous communiquez.
Kamalyn Kaur insiste sur l’importance d’un dialogue basé sur la curiosité bienveillante plutôt que sur le reproche ou la confrontation. Par exemple, si votre partenaire vous confie ne pas se sentir en sécurité, l’attitude à adopter n’est pas de le presser de justifications, mais de lui ouvrir un espace d’écoute.
Ce n’est pas à ce moment-là qu’il faut demander : « Que veux-tu dire ? Pourquoi tu dis ça ? » avec insistance. C’est plutôt l’occasion de poser des questions ouvertes, avec une véritable intention de comprendre.
Sortir du réflexe défensif pour mieux communiquer
Selon Kamalyn Kaur, beaucoup de personnes adoptent une posture défensive dans les relations car elles sont inconsciemment convaincues de ne pas être « suffisantes ». Cette peur profonde crée une barrière émotionnelle et empêche les échanges authentiques.
Elle souligne l’importance de créer un espace relationnel où chacun peut s’exprimer librement, sans peur d’être attaqué ou blâmé. Il ne s’agit pas de pointer du doigt l’autre en disant : « Ce n’est pas moi le problème, c’est toi », mais plutôt de favoriser une curiosité sincère et bienveillante envers ce que ressent l’autre.
Écouter ne se limite pas à entendre les mots. Il faut écouter avec l’intention de comprendre, de réfléchir à ce qui est dit, et d’y répondre de manière constructive.
Lorsque votre partenaire exprime une émotion ou une difficulté, il est essentiel de ne pas vous sentir attaqué ou remis en cause personnellement. Kamalyn conseille de ne pas détourner la conversation pour recentrer le discours sur soi, mais de rester présent à ce que vit l’autre.
Au lieu de réagir par instinct, il vaut mieux poser des questions ouvertes comme :
- « Pourquoi ressens-tu cela ? »
- « Comment pouvons-nous changer les choses ? »
- « Que pourrions-nous faire différemment ? »
Ce type de dialogue permet de renforcer la connexion tout en évitant l’escalade des tensions.
2. Le respect mutuel comme pilier de la relation
Le deuxième élément fondamental selon Kamalyn Kaur est le respect mutuel — et pas seulement sous forme de politesse ou de bons comportements de surface.
Le véritable respect implique la reconnaissance de l’autre en tant qu’individu à part entière. Être en couple ne signifie pas fusionner ni posséder l’autre. Il s’agit de deux personnes autonomes qui choisissent de cheminer ensemble, sans renier leur singularité.
Kamalyn insiste sur l’importance de ne jamais perdre de vue cette individualité. Votre partenaire n’est pas une extension de vous-même : il ou elle a ses propres pensées, ses limites, ses valeurs, ses opinions — et tout cela mérite d’être entendu et respecté.
Si cette indépendance vous met mal à l’aise ou vous fait sentir menacé, c’est peut-être le signe d’un travail intérieur à faire. Dans ce cas, un peu d’introspection, voire une remise en question honnête, peut être salutaire.
Se remettre en question avant d’accuser l’autre
« C’est ton problème, pas celui de ton partenaire », affirme Kamalyn. « Il s’agit d’un manque de confiance en toi, et c’est à toi de le déconstruire. »
Plutôt que de réagir impulsivement face aux choix ou à l’indépendance de votre partenaire, elle invite à une introspection honnête :
« Quelle partie de moi a du mal à le laisser faire ce qu’il veut ? Pourquoi est-ce que je me sens troublé quand il fait des choses sans moi ? »
Selon Kamalyn, cette peur est souvent enracinée dans une forme d’anxiété — qu’elle provienne de l’enfance, d’un attachement insécure, ou de dynamiques actuelles dans la relation.
Avant de parler sous le coup de l’émotion, mieux vaut prendre un moment pour observer ce qui se passe à l’intérieur :
S’agit-il d’un réel problème relationnel, ou bien d’un inconfort personnel que vous projetez sur l’autre ?
Les petits signes de mépris qui rongent la relation
Kamalyn met également en garde contre les habitudes insidieuses qui peuvent s’installer dans le couple :
les regards levés au ciel, les remarques sarcastiques, les interruptions systématiques ou les moqueries lancées à demi-mot.
Ces petits gestes, anodins en apparence, peuvent à la longue miner la confiance et l’estime au sein du couple.
« Je le vois souvent », dit-elle. « Les partenaires se ridiculisent l’un l’autre sur un ton léger : « Oh, il fait toujours ça », ou « Elle est encore en train de râler comme d’habitude. » »
Même si cela part parfois d’un esprit de camaraderie ou d’humour, ces réflexes peuvent, au fil du temps, éroder le lien émotionnel.
La complicité ne devrait jamais reposer sur le mépris déguisé.
3. Une vision de vie partagée
Au fil de son expérience en coaching relationnel, Kamalyn Kaur a remarqué que les couples les plus solides sont souvent ceux qui partagent une vision commune de l’avenir.
Qu’il s’agisse d’élever une famille, de lancer un projet professionnel ensemble ou simplement de construire une vie pleine de sens à deux, cette vision peut prendre mille formes.
« Cela peut être aussi simple que décider de voyager, de vivre dans une ville pendant quelques années, puis de partir s’installer à l’étranger », explique-t-elle.
Avoir un objectif partagé permet au couple de garder une direction claire, surtout dans les périodes de doute ou de tension. Cela crée un sentiment d’unité, un rappel que l’on forme une équipe, engagée vers un même horizon.
Cela ne signifie pas que les deux partenaires doivent rêver exactement des mêmes choses. Il s’agit plutôt de trouver un équilibre entre le soutien des aspirations individuelles et le respect de valeurs fondamentales communes.
4. Réparer après un conflit
La manière dont un couple traverse ses conflits, et surtout ce qu’il se passe après, est un indicateur central de la santé relationnelle.
« Aucune relation n’est parfaite », rappelle Kamalyn. « Avoir des désaccords ou des tensions est normal. Ce qui compte vraiment, c’est la façon dont vous réparez la relation ensuite. »
Elle met en garde contre certaines attitudes fréquentes : faire comme si de rien n’était, éviter le sujet, balayer les émotions sous le tapis, ou ignorer la douleur de l’autre.
Ce type de stratégie d’évitement, souvent motivé par la peur du conflit ou un manque de confiance en soi, finit par faire naître du ressentiment.
« J’ai vu des clients ramener, en séance, une remarque faite lors d’une dispute vieille de plusieurs années », confie-t-elle.
« Ils pensaient avoir tourné la page, mais c’était encore là, enfoui, et cela ressort sous forme de colère ou d’incompréhension. »
Pour Kamalyn, les couples sains utilisent les conflits comme des opportunités de croissance. Ils s’excusent sincèrement, valident les sentiments de l’autre et cherchent ensemble des pistes d’amélioration.
Elle recommande même d’anticiper la gestion des disputes :
« Quand tout va bien entre vous, c’est le moment de vous demander : que faisons-nous quand un conflit éclate ? »
Établir à l’avance une méthode de résolution permet de désamorcer plus facilement les tensions quand elles surviennent.
« Lorsque la colère est là, tout devient source d’irritation. Ce n’est pas le bon moment pour réparer. Mais si vous avez un plan, vous avez déjà une base pour revenir l’un vers l’autre. »