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3 types de karma : le plan de libération de la Gita

Karma

« Na karmaṇām anārambhān naiskarmyaṁ puruṣo’śnute » – Bhagavad Gita 3.4

« Ce n’est pas en s’abstenant de travailler qu’un homme parvient à se libérer du karma. »

Avez-vous déjà eu l’impression que certains événements de la vie étaient inévitables, indépendants de votre volonté, tandis que d’autres semblaient évoluer au gré de vos pensées et de vos actions ? Ce paradoxe n’est pas une coïncidence. C’est l’architecture du karma en mouvement.

Le karma, souvent interprété à tort comme un système de récompenses et de punitions, est en réalité bien plus complexe. C’est un mécanisme cosmique, une loi impersonnelle de cause à effet, qui régit le déroulement des expériences au fil des vies. Comprendre le karma n’est pas seulement un exercice philosophique ; c’est une démarche profondément pratique. Lorsqu’il est compris et géré consciemment, le karma devient une feuille de route, non une prison.

Dans cet article, nous explorerons les trois types de karma – Sanchita, Prarabdha et Kriyamana – ainsi que les moyens de travailler avec eux, de les purifier et, finalement, de les transcender pour atteindre la réalisation du Soi et la libération (moksha).

Qu’est-ce que le karma, vraiment ?

changer le karma négatif

Le mot sanskrit karma signifie « action », mais il implique également les conséquences des actes. Il agit à un niveau subtil, influençant non seulement ce qui nous arrive extérieurement, mais aussi nos pensées, nos tendances et même notre perception de la réalité.

Le karma peut être comparé à un registre invisible qui enregistre l’intention, la vibration et les effets de chaque acte. Il n’est pas punitif, mais équilibrant. Comme la gravité, il ne juge pas ; il agit, tout simplement.

L’hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme reconnaissent tous le karma comme une loi spirituelle fondamentale. Mais c’est dans la tradition védantique, et en particulier dans l’Advaita Vedanta, que le karma prend une dimension libératrice. Selon l’Advaita, le karma ne lie que lorsque l’on s’identifie à l’ego – ce sens limité du « je » qui revendique la paternité de l’action. Le Soi, au-delà de l’action et de l’identification, n’est jamais touché par le karma.

Mais jusqu’à la réalisation de ce Soi pur, le karma reste le principe directeur de la vie, réparti sur trois dimensions.

Sanchita Karma – Le réservoir cosmique

Le mot sanchita vient de la racine sanskrite samchaya, qui signifie « accumulation ». Le Sanchita Karma désigne l’ensemble des karmas accomplis par l’âme individuelle (jiva) au cours d’innombrables vies antérieures. Il englobe aussi bien les actions vertueuses que les actions négatives, les désirs comblés comme les désirs inassouvis.

On peut voir le Sanchita Karma comme un vaste réservoir ou une immense base de données karmique, conservée dans le corps subtil (sukshma sharira) de l’âme. Il contient l’empreinte énergétique de chaque pensée, parole et action réalisée depuis le début du voyage de l’âme à travers le temps.

Sanchita et la réincarnation

Le karma de Sanchita est trop vaste pour être épuisé en une seule vie. C’est pourquoi seule une partie de celui-ci est sélectionnée à chaque naissance. Cette portion spécifique est appelée Prarabdha Karma, que nous aborderons ensuite.

« Comme une graine est semée, ainsi le fruit est récolté. » – Rig Veda

Sanchita influence profondément nos tendances latentes, ou vasanas. C’est pourquoi certaines personnes ont un talent inné pour la musique, ou une peur inexplicable de l’eau. Ces impressions inconscientes persistent tout au long de la vie, jusqu’à ce qu’elles soient résolues ou transcendées par une pratique consciente.

Le Sanchita Karma peut-il être brûlé ?

confiance au karma

Oui, il peut être purifié et même entièrement dissous grâce à une discipline spirituelle intense.

  • Jnana (connaissance) : La réalisation du Soi comme étant au-delà de l’ego dissout la croyance dans l’auteur de l’action et détruit l’entrepôt karmique.
  • Tapas (austérité) : La chaleur générée par l’effort ascétique peut brûler des karmas anciens.
  • Bhakti (dévotion) : L’abandon total des actions au Divin invoque la grâce, qui dépasse les lois du karma.
  • Mantra et méditation : Des pratiques comme le chant de Om Namah Shivaya ou du Gayatri Mantra peuvent neutraliser les résidus karmiques.

Dans le feu de la réalisation du Soi, tout le karma accumulé est consumé, comme une graine grillée qui ne peut plus germer.

Prarabdha Karma – La flèche déjà libérée

Le Prarabdha Karma est la portion du Sanchita Karma qui a mûri et doit être vécue dans cette vie. Le mot prarabdhasignifie « commencé ».

À l’image d’une flèche déjà décochée, ce karma est irréversible. Il comprend :

  • Les circonstances de naissance (famille, lieu, conditions sociales)
  • Les caractéristiques du corps physique (santé, apparence, capacités)
  • Les événements majeurs de la vie (mariage, pertes, rencontres, épreuves)

Même les sages réalisés comme Ramakrishna Paramahamsa, Ramana Maharshi ou Shirdi Sai Baba ont traversé leur Prarabdha Karma, bien qu’ils soient libérés intérieurement de toute identification à l’ego.

Prarabdha définit votre scénario, mais pas votre réponse. Par exemple :

  • Vous pouvez naître dans la pauvreté, mais votre réponse – amertume ou persévérance – dépend de votre libre arbitre.
  • Vous pouvez vivre la trahison, mais votre réaction – vengeance ou pardon – détermine votre progression spirituelle.

Ainsi, même dans le cadre apparemment fixe du Prarabdha, la libération reste possible. Votre manière de répondre à ce karma détermine s’il se répète ou s’il se dissout.

Kriyamana Karma – Le karma que vous créez maintenant

karma faire son travail

Le Kriyamana Karma, aussi appelé Agami Karma, est le karma que vous générez à chaque instant à travers vos pensées, intentions et actions. C’est le seul karma que vous maîtrisez pleinement.

Alors que Sanchita représente le passé et Prarabdha le présent en action, Kriyamana est le futur en gestation. Il est semblable à un artiste qui continue de peindre sur une toile déjà partiellement remplie.

Chaque acte conscient ou inconscient plante une graine karmique, qui peut se manifester :

  • Plus tard dans cette vie
  • Dans une prochaine vie
  • Ou s’ajouter au Sanchita pour émerger plus tard

Le pouvoir transformateur du Kriyamana

Kriyamana est votre véritable levier d’évolution. En vivant avec conscience, vous pouvez :

  • Générer un karma aligné avec le dharma
  • Éviter de nouveaux liens en agissant sans attachement aux résultats
  • Apaiser le karma passé par une vie intérieure disciplinée

« Que le fruit de l’action ne soit pas ton motif, ni ton attachement à l’inaction. » – Bhagavad Gita 2.47

Ainsi, le Kriyamana Karma est la clé de votre liberté. C’est l’outil conscient qui vous permet de façonner votre destin ou de vous enliser davantage dans le cycle des renaissances.

Comment le karma lie – L’illusion de l’acteur

Ce qui vous lie n’est pas le karma lui-même, mais votre identification à celui qui agit, appelée kartritva abhimana. Le karma naît de l’action égoïque, c’est-à-dire de la croyance erronée que « je » agis et que, par conséquent, « je » mérite les fruits de mes actions.

En réalité, l’action provient des gunas (les forces de la nature) et des impressions passées (vasanas). Le Soi, quant à lui, n’agit pas : il demeure le témoin silencieux.

« Celui qui voit l’action dans l’inaction et l’inaction dans l’action est véritablement sage. » – Bhagavad Gita 4.18

Le secret réside dans le passage de l’action égoïque à la simple présence témoin. Lorsqu’on agit sans attachement aux fruits de l’action, le karma devient non contraignant. C’est ce qu’on appelle akarma.

Se libérer – Du karma à la moksha

Méditation (Dhyana)

Le silence intérieur ralentit l’élan du karma mental. En s’asseyant dans la méditation, tel un témoin immobile, on cesse d’alimenter les schémas inconscients et l’on éveille la conscience pure.

L’auto-enquête (Atma Vichara)

Comme l’enseignait Ramana Maharshi, se poser la question « Qui suis-je ? » dissout progressivement l’ego. En découvrant que vous n’êtes pas l’auteur des actes, le karma perd sa base. Il se dessèche comme une feuille morte.

Reddition (Ishwara Pranidhana)

Offrez toutes vos actions au Divin, qu’elles soient couronnées de succès ou non. Cette reddition n’est pas une faiblesse, mais un alignement avec la source. Lorsque le sentiment de faire disparaît, le karma cesse de s’accumuler.

Mantra et Bhakti

Le chant des noms divins comme Om Namah Shivaya, le Hanuman Chalisa ou le Gayatri Mantra purifie le subconscient. La dévotion (bhakti) dissout les désirs latents (vasanas) et oriente l’énergie vers le divin plutôt que vers le monde.

Action juste (Karma Yoga)

Accomplir ses devoirs avec pleine conscience, sans s’attacher aux résultats, est la voie du Karma Yoga. L’action devient alors un service, non une source de liens. C’est l’action sans esclavage.

« Celui qui voit tous les êtres dans le Soi et le Soi dans tous les êtres est libre de toute peur et de tout attachement. » – Isha Upanishad

La libération ultime – Au-delà de tout karma

La vraie liberté ne réside pas dans la gestion du karma, mais dans sa transcendance totale. C’est le fruit de la réalisation du Soi, où l’on comprend que la conscience pure – le Soi – n’est jamais affectée par l’action ni ses conséquences.

Lorsque l’ego se dissout, il ne reste plus d’acteur personnel pour accomplir ou récolter quoi que ce soit.

« Quand l’auteur n’est pas là, le karma n’est pas là. »

C’est l’état de Shiva, l’état d’Akarma : l’action peut se produire, mais il n’y a plus de moteur personnel derrière elle. Comme le vent qui fait bouger les feuilles, le mouvement existe, mais il n’a pas d’auteur.

C’est l’état de Jivanmukti – la libération du vivant. Le sage agit encore, car le Prarabdha Karma poursuit son cours, mais ces actions ne génèrent plus de karma nouveau. Elles ne lient plus.

Le pouvoir est en vous

Comprendre les trois types de karma, c’est reprendre la main sur votre destinée spirituelle. Vous n’êtes pas une victime du destin. Vous êtes un être conscient, capable de créer, purifier et transcender le karma.

Sanchita est votre passé.
Prarabdha est votre présent.
Kriyamana est votre liberté.

Le chemin vers la libération commence ici et maintenant, dans la conscience, la dévotion et l’abandon. N’attendez pas que le karma soit parfait : il ne le sera jamais. Mais vous pouvez vous perfectionner dans la réalisation du Soi.

« Quand le Soi est connu, le karma disparaît. Seul l’amour demeure. »

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Publié par Jean-Charles Réno

À propos de l’auteur: j'aime la nature et l'écologie mais je m'intéresse aussi à la psychologie et la spiritualité, je pense que tout est lié. Je suis arrivé dans l’équipe d’ESM en 2016 après avoir étudié en Angleterre et passé plusieurs années en Australie . Depuis toujours, je suis soucieux de la nature et de mon impact sur l’environnement. Ainsi, par le biais d’informations, j’essaie de contribuer à l’amélioration de l’environnement et de jouer un rôle dans l’éveil des consciences afin de rendre le monde un peu meilleur chaque jour.

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