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La paresse n’existe pas : Mais des barrières invisibles existent

L’expérience d’un professeur

Je parle ici d’un professeur de psychologie, en poste depuis 2012. Ces dernières années, il a observé des étudiants de tous âges remettre à plus tard leurs travaux, sauter des journées de présentation, rater des devoirs et laisser filer les dates limites. Il a vu des étudiants prometteurs en master et en doctorat ne pas soumettre leurs candidatures à temps. Il a vu des doctorants mettre des mois, voire des années, à réviser un seul brouillon de thèse. Il a même vu un étudiant s’inscrire au même cours deux semestres de suite, sans jamais rien rendre.

Pour ce professeur, la paresse n’a jamais été en cause. Jamais. Il ne croit pas que la paresse existe.

Comportement et contexte

En tant que psychologue social, ce professeur étudie la manière dont les facteurs situationnels et contextuels influencent le comportement humain. Pour comprendre les actions d’un individu, l’analyse des normes sociales et de leur contexte est souvent plus révélatrice que la personnalité, l’intelligence ou d’autres traits individuels.

Quand il voit un étudiant qui a du mal à respecter les délais, il se pose toujours ces questions :

  • Quels sont les facteurs situationnels qui le freinent ?
  • Quels besoins ne sont pas satisfaits ?
  • Quels obstacles à l’action ne voit-il pas ?

Il y a toujours des obstacles. Les reconnaître est souvent la première étape pour briser les schémas comportementaux que l’on qualifie parfois de « paresseux ».

La curiosité plutôt que le jugement

Pour ce professeur, il est essentiel de réagir aux comportements inefficaces avec curiosité plutôt qu’avec jugement. Il a appris cela de son amie, écrivaine et militante Kimberly Longhofer, publiée sous le nom de Mik Everett.

Kim est passionnée par l’acceptation et l’accueil des personnes handicapées et sans domicile fixe. Son travail compte parmi les écrits les plus anti-préjugés que ce professeur ait jamais lus. Elle lui a appris que juger un sans-abri parce qu’il a envie d’alcool ou de cigarettes est une erreur.

Quand les nuits sont froides, que le monde est hostile et que les maladies chroniques ne sont pas traitées, avoir besoin d’un verre ou d’une cigarette est logique. L’alcool peut réchauffer, la cigarette peut apaiser la faim. Et s’ils souffrent d’une addiction, ils ont parfois besoin de survivre.

Si le comportement d’une personne n’a pas de sens pour vous, c’est parce qu’il vous manque une partie de son contexte. Beaucoup de gens moralisent les décisions des pauvres, comme si le fait d’être sans-abri était de leur faute. Mais lorsqu’on ne comprend pas pleinement les difficultés quotidiennes d’une personne, il est facile d’imposer des attentes rigides et irréalistes.

La vérité sur la procrastination

On adore accuser les procrastinateurs. Même les procrastinateurs s’en veulent à eux-mêmes. Mais la procrastination n’est pas de la paresse.

Depuis des décennies, la recherche psychologique montre que la procrastination provient souvent de :

  • L’angoisse de ne pas être « assez bien ».
  • La confusion sur la façon de commencer.

La procrastination est plus fréquente lorsque la tâche est importante et que l’individu tient à bien la réaliser. Paralysé par la peur de l’échec ou l’incertitude, il devient difficile de se lancer.

La volonté seule ne résout pas ce problème. Plus une personne veut accomplir une tâche, plus celle-ci peut devenir difficile.

Surmonter les obstacles à l’action

Plutôt que de blâmer la « paresse », ce professeur encourage à s’attaquer aux causes profondes :

  • Si l’anxiété est le problème, prendre du recul pour se détendre peut aider.
  • Si des problèmes de fonctionnement exécutif sont en cause, diviser la tâche en étapes plus petites peut faire la différence.

Ce professeur raconte avoir terminé sa thèse, de la proposition à la soutenance, en un peu plus d’un an grâce à cette méthode :

  • Recherche compilée sur son sujet.
  • Rédaction des grandes lignes du document.
  • Périodes d’écriture régulières programmées.
  • Travail sur des sections structurées et gérables.

Pour lui, ce processus était naturel grâce à son esprit analytique, autiste et hyper concentré. Cependant, pour la plupart des gens, une structure externe est nécessaire : groupes d’écriture, échéances, listes de tâches, calendriers ou planning.

Avoir besoin de ces soutiens ne signifie pas être paresseux. Cela signifie simplement que les besoins sont différents.

Comprendre les difficultés des étudiants

Je raconte l’histoire d’une élève qui séchait souvent les cours. Parfois, je la voyais traîner près du bâtiment, fatiguée et hésitante. Lorsqu’elle venait, elle était réservée et ne prenait jamais la parole lors des grandes discussions.

Beaucoup de mes collègues l’auraient qualifiée de paresseuse ou de désintéressée. Mais lorsqu’un cours a abordé la stigmatisation liée à la santé mentale, elle est restée pour me parler.

Elle m’a confié qu’elle souffrait d’une maladie mentale, qu’elle suivait un traitement et qu’elle peinait à gérer la thérapie, les changements de médicaments et les effets secondaires. Certains jours, elle ne pouvait physiquement pas quitter son domicile. Elle n’osait pas en parler à ses autres professeurs, de peur qu’ils ne prennent cela pour des excuses.

J’ai compris. Et j’étais furieux qu’elle doive justifier ses difficultés.

Elle n’était pas paresseuse. Elle parvenait à concilier études, travail et traitement psychologique. C’était une dure à cuire, pas une ratée.

Un appel à l’empathie

Les personnes que l’on qualifie souvent de « paresseuses » font généralement de leur mieux dans des conditions difficiles. Au lieu de les juger, il faut se demander :

  • À quels obstacles invisibles sont-ils confrontés ?
  • Quels soutiens pourraient les aider à réussir ?
  • Comment pouvons-nous aborder leurs difficultés avec curiosité et compassion ?

Plus nous adoptons cet état d’esprit, plus nous aidons les étudiants et les individus à s’épanouir pleinement.

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Publié par Carole Mazeau

À propos de l’auteure: J’ai commencé à écrire pour ESM en 2017. Étant une grande passionnée de développement spirituel, j’aime mettre à contribution mes connaissances et mon savoir pour en faire profiter les autres.J’espère ainsi encourager les gens à approfondir leurs connaissances sur la spiritualité et à devenir la meilleure version d’eux-mêmes.

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