Jean-Charles Réno
Pourquoi certaines personnes répètent-elles les mêmes erreurs, obtiennent-elles toujours les pires résultats et blâment-elles les autres ou le destin, sans jamais se remettre en question ? Pourquoi ne prennent-elles jamais le temps de réfléchir à un événement qui n’est ni une coïncidence ni un coup du sort ? Et surtout, pourquoi oublient-elles que les événements dépendent de nos choix ? Même si nous n’avons pas un contrôle absolu sur tout, beaucoup abandonnent ce qui est en leur pouvoir, laissant les choses se dérouler sans intervenir.
Le cycle des expériences répétitives
Ils s’engagent dans des relations amoureuses qui ne diffèrent que par le personnage secondaire du moment, mais qui se terminent toujours de la même façon. Ils acceptent des emplois qui changent de lieu, de patron, de collègues, mais qui apportent exactement les mêmes frustrations.
Ils recommencent à essayer de perdre du poids, d’arrêter de fumer, de boire moins, de s’inscrire à la salle de sport… mais une fois inscrits, ils n’y remettent jamais les pieds. Ils dépensent sans compter pour des choses dont ils n’ont pas besoin ou qu’ils ne peuvent pas se permettre. Et ainsi la vie continue, comme une rediffusion d’un mauvais film.
Ces cycles semblent parfois inévitables, et il est facile de se sentir prisonnier de ces répétitions. Mais pourquoi ces expériences se répètent-elles, même après s’être juré de ne plus jamais commettre les mêmes erreurs ?
Les émotions qui contrôlent nos choix
Parce que des émotions comme la tristesse, la frustration, l’ennui ou la colère prennent le dessus sur les meilleures décisions, ces émotions dictent nos gestes, paroles et réactions. Elles engendrent des pensées justifiant l’autosabotage : « Je mérite bien une autre part de gâteau, un autre verre, une nouvelle robe, un sac, une paire de chaussures… tout ce qui permet d’anesthésier le malaise ou l’angoisse, et ça ne fera pas mal. »
Et le cycle recommence : anticipation, soulagement, culpabilité. Face à ce sentiment d’échec et à cette chute d’estime de soi, la personne se replie sur elle-même, prisonnière de sa souffrance et de son sentiment d’impuissance.
La capacité à anticiper et résoudre les problèmes, à atteindre des objectifs et à s’épanouir personnellement dépend largement de la manière dont on se perçoit soi-même, dont on perçoit le monde et l’avenir. Ce processus commence à se développer dès l’enfance et se nourrit des expériences et des habitudes que nous adoptons.
Les pensées suscitent des émotions, les émotions engendrent des comportements, et les comportements se perpétuent par l’habitude. Les pensées d’autosabotage se déclenchent dans les situations qui menacent nos décisions rationnelles. Ainsi, même en ayant conscience de la nécessité de changer, les mêmes gestes, paroles et réactions se répètent, freinant tout progrès et toute réussite.
Réécrire son histoire
Prendre conscience des raisons qui empêchent d’affronter et de surmonter les difficultés est le premier pas pour briser le cycle. Qu’il s’agisse du domaine émotionnel, professionnel ou social, comprendre ces mécanismes permet de réécrire son histoire sur de nouvelles bases et d’obtenir des résultats différents.
Mais comment y parvenir ?
Apprendre à comprendre des émotions comme la peur — peur de l’inconnu, peur du regret, peur de la souffrance — est essentiel. Il faut surmonter la résistance au changement, accepter le doute quant à la marche à suivre, à la méthode et au moment opportun pour sortir de sa zone de confort.
Changer n’est jamais facile, mais chaque petit pas compte. Chaque décision consciente, chaque effort répété finit par construire une nouvelle trajectoire, une vie qui ne se répète pas mécaniquement, mais qui est pleine de choix et de liberté.
Choisir une vie qui vaut la peine d’être vécue
Alors, si tout vous semble morne et monotone, respirez profondément. Retroussez vos manches. Choisissez une vie qui vaille la peine d’être vécue et dont vous vous souviendrez. Tout dépend de vous. Chaque geste, chaque pensée, chaque décision peut transformer un cycle répétitif en une nouvelle histoire, plus riche, plus libre, plus humaine.
Parce que répéter ses erreurs n’est pas une fatalité. Prendre en compte le pouvoir de nos choix, accepter vraiment nos émotions sans nous laisser submerger et agir malgré la peur… voilà la vraie liberté. Et c’est elle qui ouvre la voie vers le vrai changement, le vrai progrès et, finalement, vers la vie que nous méritons.
