
Comment les attentes minent nos relations et notre bonheur
« Je ne suis pas dans ce monde pour répondre à tes attentes et tu n’es pas dans ce monde pour répondre aux miennes. » ~ Bruce Lee
Cette citation illustre parfaitement un piège dans lequel nous tombons souvent : attendre des autres qu’ils se comportent comme nous le souhaiterions.
Une soirée d’été gâchée… par mes attentes
Il y a quelques années, mon mari a dû s’absenter quelques semaines pour travailler dans une autre ville. C’était l’été, et comme nous habitions près de la plage, je passais souvent mes samedis soirs à marcher au bord de l’océan, admirant le coucher du soleil.
Un samedi soir, j’étais d’une humeur radieuse. La plage était remplie de familles et de couples heureux, l’Atlantique scintillait d’un bleu aigue-marine, et la vie semblait presque parfaite.
De retour à ma voiture, j’ai vu que j’avais manqué un appel de mon mari. Je l’ai rappelé et j’ai rapidement compris qu’il n’était pas de bonne humeur. Il était bref, peu bavard et plutôt négatif au sujet de son travail.
Je l’ai aussitôt pris personnellement. En quelques secondes, je suis passée de la joie à la froideur, jusqu’à lui raccrocher au nez de manière puérile. Comment osait-il gâcher ma soirée d’été si parfaite ?
La révélation sur un parking

Quelques minutes plus tard, garée devant une épicerie, j’ai eu une révélation : il n’avait rien gâché du tout. Mon malaise venait uniquement de moi.
J’avais créé mes propres émotions négatives à partir d’une attente irréaliste : je voulais qu’il soit de la même humeur que moi. Comme ce n’était pas le cas, je l’ai pris comme une offense personnelle.
En réalité, j’étais en colère non pas contre lui, mais contre le fait qu’il n’ait pas répondu aux attentes que je m’étais fixées.
Les attentes, source de souffrance
Ce fut la première fois que je pris conscience à quel point mes attentes envers les autres pouvaient générer des souffrances inutiles. Et plus j’y prêtais attention, plus je découvrais d’exemples.
Un jour, par exemple, j’avais envoyé un message à une nouvelle connaissance, m’attendant à une réponse rapide. Comme elle ne répondait pas, j’ai passé plus de vingt-quatre heures à douter de moi-même, me demandant si je lui plaisais vraiment.
Finalement, elle m’a répondu par un message très chaleureux : elle avait simplement été occupée. Le problème ne venait pas d’elle, mais de mon attente d’une réponse immédiate.
Quand nos attentes nous volent notre bonheur
En m’attendant à ce que les autres se comportent selon mes critères, j’ai compris que je me privais souvent moi-même de sérénité. Mes émotions n’étaient pas le reflet de la réalité, mais de mes exigences silencieuses.
Chaque fois que je laisse tomber ces attentes, je retrouve une plus grande liberté et un bonheur plus stable.
Se libérer des attentes pour retrouver la paix intérieure

Quand une carte de fête des pères tourne à la déception
Un autre exemple remonte à mes dix-sept ans. J’avais offert à mon père une carte de fête des pères que je trouvais vraiment drôle. J’étais convaincue qu’il allait l’accueillir avec chaleur et amusement.
Mais sa réaction fut presque inexistante. Et moi, j’étais anéantie. Une fois de plus, mes attentes avaient pris le dessus, et l’écart entre ce que j’espérais et la réalité m’avait blessée.
Clarifier les attentes, sans les supprimer
Avant que vous ne pensiez que je vous conseille de ne plus rien attendre de personne, permettez-moi de préciser.
Partager une difficulté avec un ami et espérer recevoir des conseils, c’est naturel et précieux. Espérer un sourire d’une personne qui nous attire peut être léger et stimulant.
Espérer un résultat est une chose. Mais vouloir le forcer, et surtout laisser naître en soi colère, doute ou tristesse quand il n’arrive pas, en est une autre.
Nous ne contrôlons jamais la manière dont les autres pensent, ressentent ou réagissent. Nous pouvons souhaiter, suggérer, inviter, mais au bout du compte, c’est leur liberté de décider.
Et si notre bonheur dépend entièrement de leurs réactions, nous risquons de passer des moments, voire des années entières, dans une souffrance évitable.
Trois pistes pour se libérer des attentes

1. Accueillir les réactions des autres, quelles qu’elles soient
Attendre des autres qu’ils réagissent exactement comme nous le voulons, c’est jouer une partie perdue d’avance. À la place, il est possible d’ouvrir son cœur et son esprit à toutes leurs réponses.
Ce soir d’été 2013, si j’avais accueilli l’humeur morose de mon mari sans idée préconçue, ma joie n’aurait pas été entamée. Peut-être même aurais-je pu alléger sa soirée.
À dix-sept ans, si j’avais compris que le silence de mon père n’était pas dirigé contre moi, mais lié à ses propres difficultés à exprimer ses émotions, je me serais sentie bien moins blessée.
2. Fonder son bonheur sur ce que l’on contrôle
Nous ne maîtrisons pas les comportements des autres, mais nous avons du pouvoir sur nos pensées et nos croyances.
Si vous pensez que votre mère aurait dû être fière de vous après un concours de rédaction, son absence de réaction peut vous attrister. Mais si vous acceptez qu’elle réagisse comme elle le souhaite tout en gardant la conviction que vous êtes un bon écrivain, votre douleur s’allège.
Si vous croyez que les notes de votre fils reflètent votre valeur de parent, un mauvais bulletin peut déclencher colère et culpabilité. Mais en choisissant de croire que vous faites de votre mieux et que ces notes ne définissent pas votre rôle, vous retrouvez de la sérénité.
3. Revenir à l’instant présent

Nos déceptions surgissent souvent lorsque nous quittons le moment présent pour plonger dans des scénarios mentaux. Nous ressassons ce que l’autre « aurait dû » faire, ou nous nous inventons des histoires sur ce que cela signifie pour l’avenir.
Rester dans l’instant présent, c’est se libérer de ces fictions mentales et éviter de s’engager sur le chemin du rejet et de la peur.
La paix ne vient pas des autres
En fin de compte, vous ne trouverez pas la paix si vous attendez constamment des autres qu’ils vous l’apportent par leurs paroles, leurs actes ou leur amour.
La seule voie vers une sérénité durable est de renoncer à vos attentes envers les autres, d’abandonner ce que vous croyez qu’ils devraient faire, et de vous autoriser à créer vous-même votre propre bonheur.