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Et si la personne que tu détestes le plus, c’était toi? 

« Qu’est-ce qui pousse une personne à se détester? Peut-être la lâcheté. Ou l’éternelle peur de se tromper, de ne pas faire ce que les autres attendent. » – Paulo Coelho

Beaucoup de gens se reconnaîtront dans cette idée de se détester avant de s’aimer… Il existe une haine plus cruelle que toutes les autres, celle que l’on dirige contre soi-même. Une haine insidieuse, qui s’installe comme une ombre et nous persuade que nous ne méritons ni amour ni bonheur. Elle naît souvent des blessures du passé, des trahisons, des abus, ou simplement de cette voix intérieure qui nous répète sans cesse: « Tu n’es pas assez bien. »

« On se renferme sur soi-même. On se met à détester tout le monde, mais au fond, la personne qu’on déteste le plus, c’est soi-même. »

Pourquoi en arrive-t-on là?

Images Pixabay

Peut-être la lâcheté, pense-t-on parfois. Peut-être la peur chronique de se tromper, de décevoir, et de ne pas pouvoir répondre aux attentes des autres. Peut-être cette angoisse silencieuse de ne jamais être « assez bien ». Alors on devient méfiant. On apprend à se protéger. On s’ouvre moins, on se ferme plus vite. On accorde difficilement sa confiance, non pas par froideur, mais parce que c’est ce qui arrive lorsqu’on a été blessé trop souvent.

À force de chocs émotionnels répétés, on se replie sur soi-même. Le monde devient hostile, et les relations plus suspectes. On croit alors détester les autres, de leur indifférence, de leurs trahisons, et de leurs absences. Mais au fond, la personne que l’on juge le plus durement, celle que l’on méprise en secret, c’est soi-même. C’est ainsi que naît la haine de soi, insidieuse.

Pourquoi nous nous détestons, et ne savons jamais vraiment pourquoi

Il existe beaucoup de haine dans notre monde. Elle est visible, bruyante, parfois même violente. On la retrouve dans les médias, dans les discours publics, ou dans les interactions quotidiennes. Pourtant, l’une des formes de haine les plus intenses et les plus destructrices est celle que les individus retournent contre eux-mêmes. Une haine internalisée, et normalisée.

Dans le travail clinique, cette haine de soi apparaît fréquemment. Elle se manifeste dans le langage intérieur, dans l’auto-sabotage, dans la culpabilité chronique et dans l’incapacité à recevoir l’amour ou la reconnaissance. Certains décrivent une réaction profondément troublante. Face à leur « jeune moi », ils ressentent de la colère, du rejet, parfois même l’envie de frapper ou de faire taire cet enfant qu’ils ont été.

Cette réaction n’est pas le fruit du hasard. Elle est souvent la conséquence directe d’une enfance marquée par la maltraitance, la négligence ou l’abandon émotionnel

L’une des blessures les plus profondes laissées par la maltraitance infantile est l’aliénation de ce que l’on appelle « l’enfant intérieur ». Dans un développement sain, l’enfant apprend progressivement qu’il est aimable, digne d’attention et de protection. À l’inverse, dans un environnement abusif, l’enfant intériorise un message radicalement différent: « je ne mérite pas l’amour ». Par la suite, ce message devient une croyance fondatrice.

De nombreux survivants de traumatismes infantiles témoignent souvent d’un sentiment persistant d’incrédulité face à l’idée que quelqu’un puisse réellement les aimer. Ils doutent de leurs propres émotions, se méfient de leurs besoins, et peinent à s’accorder de la compassion. Leur monde intérieur devient un terrain de méfiance permanente.

La psychologue Linda Sanford, dans son ouvrage « Strong at Broken Places »« Solides aux anciennes blessures », un livre utile pour celles et ceux qui ont subi des mauvais traitements durant leur enfance. Ce livre illustre ce mécanisme à travers l’histoire de George, un enfant régulièrement maltraité par une mère alcoolique pour des comportements parfaitement normaux. Ce type de contexte favorise un phénomène particulièrement destructeur: le remplacement de « l’enfant intérieur » par ce que Sanford appelle le « parent intérieur ».

Dans ces situations, l’enfant, confronté à des abus physiques, émotionnels ou sexuels répétés, endosse un rôle qui ne devrait jamais être le sien… celui du parent. Il soigne, protège, rassure, anticipe les besoins de l’adulte défaillant. C’est une inversion des rôles profondément traumatique. Sanford décrit ce mécanisme comme le fait d’enfiler un « manteau d’hiver » pour survivre au froid extrême de l’abus. Un manteau qui, bien qu’utile à l’époque, devient étouffant et inadapté à l’âge adulte.

Souvent, ces enfants croient, inconsciemment, que s’ils prennent soin de leurs parents, ceux-ci finiront par les aimer et les abus cesseront. Mais cette illusion ne se réalise presque jamais. Les abus persistent, parfois s’aggravent. À l’âge adulte, ces anciens enfants-parent deviennent fréquemment des individus performants, responsables, admirés pour leur réussite professionnelle ou leur maturité. Pourtant, ils peinent à reconnaître leur propre valeur. Leur succès leur semble accidentel, immérité.

Car si le « parent intérieur » est devenu fort et fonctionnel, l’« enfant intérieur », lui, est resté blessé, figé, sous-développé émotionnellement. Il réapparaît souvent plus tard, à travers des comportements relationnels complexes, une hypersensibilité, une peur de l’abandon ou une difficulté à poser des limites.

Les qualités les plus lumineuses de l’enfant; son intelligence, sa créativité, sa sensibilité. Parfois ces qualités sont précisément celles que les parents abusifs rejettent le plus, car elles leur renvoient leur propre sentiment d’insuffisance. Ces qualités deviennent alors des outils de survie, mais au prix d’un profond sacrifice émotionnel.

Comme le rappelle Tom Robbins, cité par Sanford: « Il n’est jamais trop tard pour avoir une enfance heureuse. » Cette phrase résume l’essence même du travail de guérison. Et se reconstruire implique une réunification, celle du parent intérieur et de l’enfant intérieur.

Ce processus demande un véritable travail de deuil. Accepter ce qui a été vécu. Reconnaître l’ampleur du traumatisme. Ressentir la colère, la tristesse, et la perte. Puis, progressivement, apprendre à se donner ce qui a manqué (sécurité, douceur, validation, amour).

Certains parviennent à devenir des parents suffisamment bons pour eux-mêmes. D’autres trouvent cette réparation dans des relations saines, où leurs besoins émotionnels sont enfin reconnus et respectés. Dans les deux cas, la guérison entraîne souvent un profond « changement de vie ». Une spontanéité retrouvée, une joie plus simple, et une capacité nouvelle à ressentir sans se dissocier.

Nous cherchons souvent l’espoir, la reconnaissance et l’intimité à l’extérieur, sans jamais nous offrir ce geste fondamental, qui est de nous prendre nous-mêmes dans nos propres bras.

Parfois, je me déteste d’avoir un cœur aussi sensible

J’ai l’impression de trop donner, de ressentir les choses trop intensément, et d’aimer sans mesure. Mais avec le temps, une vérité s’impose. Que c’est précisément ce cœur-là qui fait de moi ce que je suis. Le renier, ce serait me perdre.

S’aimer Soi-même, surtout après avoir appris à se détester pour survivre, n’est pas un acte égoïste. C’est courageux, et c’est peut-être même l’acte le plus nécessaire.

Publié par Jean-Charles Réno

À propos de l’auteur: j'aime la nature et l'écologie mais je m'intéresse aussi à la psychologie et la spiritualité, je pense que tout est lié. Je suis arrivé dans l’équipe d’ESM en 2016 après avoir étudié en Angleterre et passé plusieurs années en Australie . Depuis toujours, je suis soucieux de la nature et de mon impact sur l’environnement. Ainsi, par le biais d’informations, j’essaie de contribuer à l’amélioration de l’environnement et de jouer un rôle dans l’éveil des consciences afin de rendre le monde un peu meilleur chaque jour.

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