Jean-Charles Réno
Le pouvoir des mots est tel qu’ils peuvent, non seulement blesser lorsqu’ils sont prononcés, mais aussi s’imprimer durablement dans le cœur et l’âme, engendrant des insécurités et fragilisant des relations. Avez-vous tendance à communiquer de manière négative ? Mettez fin à ces effets néfastes et préservez vos liens.
L’être humain et la communication
Les êtres humains sont des êtres sociaux, ce qui signifie que nous interagissons avec différentes personnes tout au long de la journée. Ces échanges se produisent dans des contextes, des perspectives et des humeurs variés, et il n’est pas toujours facile de maintenir une communication saine et harmonieuse avec notre entourage.
Il arrive que nous éprouvions des difficultés à exprimer nos idées et nos sentiments, que nous ne sachions pas comment communiquer dans une relation, ou que nous soyons simplement distraits lors de nos interactions. Tout cela peut créer des tensions et nous rendre moins proches de ceux qui nous entourent.
Le pouvoir des mots : Il existe quatre types très distincts de mauvaises pratiques de communication
1. Critiquer les autres
Il est naturel de réagir ou d’élever la voix lorsqu’un événement nous déplaît ou nous affecte. Le problème survient lorsque nous passons notre temps à critiquer et à juger notre entourage. Ces critiques transmettent l’idée que l’autre est inférieur et peuvent commencer par :
– « C’est juste que… »
– « Tu es… »
– « Je pense que tu devrais… »
– « Ce serait mieux si tu… »
– « Ta famille, tes amis… »
2. Les généralisations
Toute expression qui généralise ou crée des stéréotypes sur les personnes ou leurs comportements peut nuire aux relations :
– « Tu fais toujours… »
– « Tu ne fais jamais… »
– « Tu es tellement… »
– « Tu es toujours… »
– « Encore… »
3. Se concentrer sur la personne plutôt que sur le problème
Dans chaque situation, il y a deux aspects à considérer : la personne et le problème. Se focaliser sur la personne tout en négligeant le véritable problème conduit à une communication destructrice.
Exemples de mauvaise communication : « Tu ne fais jamais rien ! » ou « Tu es faible ! »
Exemple de bonne communication : « Je sais que tu es très occupé(e), mais pourrais-tu m’aider en nettoyant et rangeant ta chambre ? »
4. Dévaloriser les émotions
Nous sommes tous sensibles, même ceux qui n’expriment pas facilement leurs sentiments. Dévaloriser ou ignorer les émotions peut provoquer des ruptures. Minimiser, juger ou rejeter les sentiments de quelqu’un empêche la relation de s’épanouir.
Exemples :
– « Ton opinion ne m’intéresse pas. »
– « Je me fiche de ce que tu ressens. »
– « Arrête d’en faire tout un plat. »
– « Ne sois pas si content, tu n’as rien fait d’extraordinaire. »
Communiquer avec conscience
Même si nous sommes autonomes et dotés de nombreuses qualités, nous avons toujours besoin d’écouter et d’être écoutés. Nos mots et nos actions d’aujourd’hui façonnent notre avenir : blesser ceux qui nous entourent peut créer de la distance et, avec le temps, provoquer leur éloignement.
Il ne s’agit pas de mentir ou de se conformer, mais d’apprendre à communiquer avec intelligence et empathie, afin de construire des relations solides et durables.
Pour finir voici un merveilleux poème de Victor HUGO – « Le mot »
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! – Et ne m’objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas… –
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l’oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l’aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l’on n’a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
– Au besoin, il prendrait des ailes, comme l’aigle ! –
Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l’individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l’étage ; il a la clé,
Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l’homme en face,
Dit : – Me voilà ! je sors de la bouche d’un tel. –
Et c’est fait. Vous avez un ennemi mortel.
Victor HUGO – « Le mot »
1802 – 1885
