
» Si le problème a une solution, alors l’inquiétude est inutile. S’il n’en a pas, alors l’inquiétude est toujours inutile. » – Proverbe tibétain
Pourtant, nous passons notre vie à essayer de deviner l’avenir, comme si le savoir pouvait adoucir le choc. Comme si, en imaginant le pire, on pouvait le domestiquer. Mais l’avenir n’est pas un animal qu’on apprivoise. C’est une rivière. On peut regarder son courant, On peut craindre ses rapides, mais on ne saura jamais vraiment ce qu’il y a après le tournant. Et quand enfin on y arrive, quand le futur devient présent, il est toujours différent de ce qu’on avait imaginé. Moins monstrueux. Plus ordinaire. Parfois même… beau.
» L’inquiétude est une prière pour ce que vous ne voulez pas. «
Chaque fois que vous vous imaginez malade, seul(e), en échec, vous donnez de l’énergie à ces images. Vous les nourrissez. Vous leur construisez un autel dans votre tête.
Alors que si vous prenez ne serait-ce que la moitié de cette énergie pour observer la lumière qui traverse votre foyer, pour vous rappelez du fou rire que vous avez partagé avec un ami.e, pour savourer le goût du café sans penser à la prochaine chose à craindre… Vous réaliserez que la paix n’est pas quelque chose à conquérir. C’est quelque chose à laisser advenir.
La vraie santé, c’est aussi celle de votre esprit. Un esprit qui ne s’embrase pas à la moindre étincelle. Un esprit qui sait dire: « Peut-être. Peut-être pas. En attendant, je suis là. »
Ne laissez pas l’avenir vous voler aujourd’hui. Parce que demain, quand vous vous réveillerez, ça sera un jour comme les autres. Un jour où vous aurez le choix, encore une fois, entre vivre et attendre la catastrophe.
1. L’illusion du contrôle par l’inquiétude
L’esprit humain cherche désespérément à maîtriser l’incertitude en imaginant le pire. C’est un mécanisme ancestral: notre cerveau, programmé pour détecter les menaces, préfère une mauvaise nouvelle anticipée à une surprise (même si cette « préparation » est souvent illusoire).
La distorsion cognitive: Votre esprit transforme une douleur familière (reflux acide) en scénario catastrophe (cancer métastatique). C’est ce qu’on appelle en psychologie une « catastrophisation »: le cerveau saute d’une hypothèse à la pire conclusion possible, sans preuve. Comme si, en imaginant le pire, on pouvait s’en protéger… alors qu’on ne fait que le rendre plus réel dans notre tête.
2. Le paradoxe de l’anticipation

Comme le dit Eckhart Tolle, l’inquiétude prétends être « utile » (se préparer, éviter le choc), mais elle est en réalité stérile. Elle ne résout rien, elle ne prévient rien, et ne fait que voler l’énergie du présent.
« L’avenir est le lieu de nos plus grandes peurs, et de nos espoirs les plus fous. »
L’avenir est avant tout une projection, et rarement un reflet fidèle de la réalité.
- Le biais de négativité: Le cerveau surpondère les scénarios négatifs (parce qu’ils activent plus fortement nos émotions). Résultat: on passe 90% de notre temps à craindre 10% des possibilités.
- L’avenir comme fiction: Comme le disait le philosophe Alan Watts, « Le futur est une idée, pas un fait. » On s’épuise à écrire des scénarios (bonheur, maladie, échec) qui n’existent pas encore, et qui, souvent, n’existeront jamais sous cette forme. L’avenir réel est toujours plus banal (et souvent plus gérable) que celui qu’on fantasme.
3. Le coût de l’inquiétude: le présent sacrifié
« Si vous vous inquiétez et que rien ne va mal, vous avez perdu un temps précieux. Si vous vous inquiétez et que quelque chose ne va pas, vous avez quand même perdu un temps précieux. »
- Le présent comme seule certitude: Le stoïcisme (avec Marc Aurèle ou Sénèque) et le bouddhisme insistent sur ce point: le passé est révolu, l’avenir incertain — seul le présent est actionnable.
4. Désamorcer la catastrophisation
La règle des 5 minutes: Quand une peur surgit (« Et si c’était un cancer? »), donnez-vous 5 minutes pour noter vos craintes (sans chercher de réponses). Ensuite, demandez-vous:
- « Quelle est la probabilité réelle de ce scénario? » (ex : le cancer de l’œsophage est rare avant 50 ans, et vos symptômes correspondent à du reflux.)
- « Si c’était vrai, est-ce que m’inquiéter maintenant changerait quelque chose? » (Réponse : non. En revanche, prendre rendez-vous chez un médecin, oui.)
a. Réapprivoiser le corps
Votre inquiétude s’ancre dans des sensations physiques (poitrine serrée, gorge fermée). Pour briser le cercle vicieux:
- Respiration 4-7-8: Inspirez 4 sec, bloquez 7 sec, expirez 8 sec. Répètez 3 fois. Cela active le système nerveux parasympathique (celui qui calme).
- Ancrage sensoriel: Quand la panique monte, nommez 5 choses que vous voyez, 4 que vous touchez, 3 que vous entendez, etc. Cela ramène votre attention au présent.
c. Accepter l’incertitude
- L’exercice du « peut-être »: Quand vous entendez dire « C’est sûr, c’est un cancer », remplacez cela par « Peut-être que c’est un reflux, peut-être que c’est autre chose. Je ne sais pas encore. Cela crée un espace mental entre vous et vos pensées.
- Le journal des « fausses alertes »: Notez chaque fois que vous vous êtes inquiété pour rien. Relisez-vous quand l’anxiété revient: votre cerveau a besoin de preuves que ses prédictions sont souvent fausses.
5. La sagesse derrière votre crise
Votre épisode de difficulté révèle quelque chose de précieux:
- Votre sensibilité est une force: Les personnes anxieuses sont souvent très empathiques, créatives, et attentives aux détails. L’enjeu n’est pas de supprimer cette sensibilité, mais de la canaliser.
- Un rappel à vivre: « L’inquiétude enlève la paix d’aujourd’hui ».
Vous avez passé des années à vous préparer au pire, comme si l’avenir était un examen dont vous devez connaître les réponses à l’avance. Mais la vie n’est pas un test. C’est une page blanche. Et chaque fois que vous êtes perdue dans les « et si… », vous oubliez la seule question qui compte vraiment: « Et maintenant? » …Maintenant, cette tasse de thé qui refroidit entre vos mains… Maintenant, ce rayon de soleil qui recouvre votre bureau… Maintenant, cette respiration — un peu tremblante, mais votre.
La paix, au fond, ce n’est pas l’absence de tempête. C’est la capacité de danser sous la pluie.
Et vous qu’est-ce qui vous aiderait, concrètement, à ancrer cette paix dans votre quotidien?