
Si vaste à mes yeux. Dresser la liste de dix choses que j’ai dû désapprendre dans la vie revient presque à écrire la biographie de mon parcours atypique, car la plupart du temps, je vis précisément à contre-courant, remettant en question les normes et contredisant les valeurs établies.
Mais je promets d’être concis cette fois-ci, en soulignant ces dix points choisis au hasard en ce mardi ensoleillé, après tant de jours gris dans cette maison aux fenêtres suggestives et accueillantes qui me regardent tandis que j’écris et me disent : « Allez, la vie ! »
Je serai bref, car aujourd’hui il fait beau, et l’introspection devra attendre mercredi. L’avantage, c’est que vous pourrez lire ce texte rapidement vous aussi. Alors, c’est parti !
10 choses que le monde m’a apprises et que j’ai dû désapprendre
1. Apprendre à désapprendre

Je crois que ce que je veux dire, c’est que j’ai appris à analyser avant d’adhérer à ce qui est présenté. L’analyse peut être une activité profonde ; elle est étroitement liée à la connaissance de soi, à la capacité de ne pas se laisser influencer par les idées des groupes, des amis, des partenaires ou de la famille.
Elle implique un dialogue intérieur et une prise de recul par rapport aux situations, même si elles suscitent des émotions et un désir d’appartenance et de partage d’idées qui vous donneraient une image positive aux yeux des autres. Écouter, comprendre et se parler à soi-même : j’y crois profondément.
Quel est l’autre aspect de la question ? Quel est l’avis contraire ? En bref, tout, absolument tout, est discutable, a deux points de vue et mérite réflexion.
2. Le silence est plus éloquent que les grands discours
Parler à l’excès engourdit les sens et altère notre perception du monde. On m’a toujours appris que ceux qui parlent, qui communiquent, qui ont le don de la parole, sont puissants, intelligents, et connaissent bien les choses de ce monde.
C’est peut-être vrai, mais le silence, apprendre à écouter et à ressentir non seulement les gens, mais aussi les regards, les gestes, les saisons, les sourires ou leur absence, nous conduit à une connaissance qui transcende ce monde.
Chut ! Un instant de silence, et écoutons les échos en nous, toujours étouffés par le bavardage incessant. Le silence a tant à nous révéler !
3. Il vaut mieux être entier qu’être trop bon

J’écrivais l’autre jour : « Ma plus belle facette, c’est mon amitié avec ma facette la plus sombre. » Je ne cherche pas à éliminer cette facette sombre, mais je veux la comprendre et l’accepter, car je crois qu’elle est toujours présente, et qu’être une bonne personne, c’est simplement savoir la dissimuler et l’ignorer.
Mais tôt ou tard, elle finit par se manifester. Je pense que la connaître, c’est aussi savoir comment la gérer. J’apprends à me défaire des stéréotypes de la beauté et de la bonté pour être entière !
4. « S’inquiéter, c’est gaspiller son imagination »
J’ai lu cette phrase quelque part l’autre jour. Et je crois que c’est une habitude que j’ai désapprise : celle de ne plus m’inquiéter autant.
Cette vie folle nous pousse à croire qu’il faut être sérieux et toujours avoir quelque chose à se reprocher. Bien sûr, il y a toujours des problèmes : personnels, sociaux, politiques, culturels, environnementaux…
Éviter de s’inquiéter excessivement ne signifie pas faire comme si les problèmes n’existaient pas, mais plutôt garder son calme pour les affronter. C’est cesser de s’inquiéter constamment pour pouvoir utiliser son cerveau à quelque chose de plus agréable : imaginer !
Je viens de me souvenir d’une autre phrase : « L’imagination, c’est l’intelligence qui s’amuse. » Et je viens d’en inventer une autre : « S’inquiéter, c’est l’intelligence qui se pollue. »
5. Se laisser distraire et faire l’idiot permet d’aller plus loin

Parce que le monde nous inculque l’importance d’être constamment connectés, inquiets, actifs, utiles, mécaniques… Parce que le monde est un jeu où les plus malins gagnent, vous laissent sur le carreau, vous utilisent au besoin, sont ambitieux et réussissent à tout prix.
Et les fous, les rêveurs, ceux qui savent imaginer des histoires et percevoir les détails, les distraits qui dorment et rêvent encore, qui se réveillent et rêvent encore, qui font proliférer les sentiments, qui conservent la capacité de ressentir plutôt que de comprendre, ceux-là vivent vraiment !
Et ceux qui comprennent si bien tout et tous, qui ne tombent pas dans les pièges, apprennent aussi à se détacher et à vivre pleinement, car quand on comprend trop, la peur surgit et domine tout. Heureux sont les distraits qui peuvent encore, même pour un temps limité, s’immerger dans la beauté des émotions et des êtres humains.
6. La modération et l’équilibre ne me conviennent pas
Le monde nous pousse sans cesse à rechercher un confort qui, parfois, nous transforme en zombies, aveugles et somnambules. Nous voulons voir la vie à travers nos yeux inquiets, hantés par la peur du ridicule, et notre but devient d’atteindre un petit coin de paradis où nous sommes plus intelligents, où nous connaissons chaque recoin, où les relations se déroulent sans conflits majeurs, et où la routine s’installe sans grandes découvertes.
À mes yeux, outre sa monotonie, c’est comme vivre dans l’incertitude, dans un équilibre statique, ennuyeux et appauvri. Je préfère l’enfer ou le pôle Nord ; la tiédeur m’épuise et me tue à petit feu.
7. « Là où tu ne peux pas aimer, ne t’attarde pas »

J’aime beaucoup cette citation de l’écrivain brésilien Augusto Branco. Je crois que la vie nous apprend à être superficiels et persévérants, froids et engagés, concentrés et calculateurs. Pas moi.
Je suis profond et je ne m’attarde pas sur les terrains arides ; je ne reste que s’il y a de l’amour, de la passion, de l’intérêt… L’amour a-t-il le temps de grandir et de porter ses fruits ? Oui, je le crois. J’essaie de cultiver l’amour, mais s’il ne germe pas, ni lentement, ni naturellement, je crois qu’il faut partir.
Le véritable amour est organique, il n’a pas besoin de tant de lutte, il naît et grandit de lui-même. Mais il y a des gens qui ont pavé leur cœur. Et alors je me demande : pourquoi gaspiller des graines sur l’asphalte ? Apprenons à voir la terre fertile ! La maturité, c’est savoir où concentrer son énergie.
8. Le travail n’est pas la chose la plus importante au monde
C’est peut-être vrai, si c’est pour une cause, une mission, une passion… Mais je ne crois pas que le travail ennoblisse. Pas toujours, loin de là. Souvent, c’est même tout le contraire.
Il est triste de constater que payer ses factures et se constituer une épargne-retraite, s’assurer un avenir confortable, soit le but ultime de la vie de beaucoup. Je sais que payer ses factures est un mal nécessaire, mais je ne pense pas que cela doive être l’objectif principal de chacun.
9. Une certaine folie est saine

La folie, un mot aux significations si vastes. Elle peut être extravagance, exagération, témérité. Elle peut être une échappatoire, une tentative aveugle vers l’inconnu, une expérimentation, un contact avec la nouveauté, une curiosité qui pousse à dépasser les limites du raisonnable.
Ma folie, c’est simplement une incapacité à me conformer aux stéréotypes. La folie raisonnée m’intéresse.
10. Je ne suis pas ce que je mange, je ne suis pas ce que je possède
Ayant également désappris cela, je ne crois plus qu’à ceci : « Je suis ce dont je rêve. »
Et maintenant, je pars vivre ma vie !
Arrivederci !

